Tôt ce matin, l’ISS passait au dessus du ciel de la Vallée de l’Arve… comme souvent. Mais ce matin, le spectacle avait le goût particulier des dernières fois, des départs, des au-revoir. Là-haut, traversant le ciel noir de la nuit sans lune, il y a Thomas Pesquet et les membres de la mission Alpha. En principe, ils quittent la station dans quelques heures et regagnent la Terre après plus de 6 mois en orbite.
Ça avait aussi le goût de la photo rêvée discrètement depuis des mois. L’ISS avec la vue et avec Thomas Pesquet dedans! J’y ai songé, j’ai essayé plusieurs fois sans succès.
J’ai toujours aimé regarder passer l’ISS. Je suis touchée, émerveillée, voire ahurie de penser qu’il y a des humains là-haut, en orbite. Je me demande souvent ce qu’ils vivent à cet instant là. Si de loin je les regarde dormir ou travailler. Ou s’ils regardent justement par le hublot.
Ce matin j’avais très envie d’aller saluer ce dernier passage avec cette équipe-là à bord! J’ai dit au-revoir. J’ai dit merci. C’était beau de voir le véhicule disparaître derrière le massif du Mont Blanc. Tout un symbole!
Que le retour soit bon maintenant!
Temps et tant d’émerveillement en un lieu, en une image.L’eau du Loir à haut débit, le crépuscule… l’immuable, à deux pas de chez mes parents. Et au dessus, bien au dessus et au delà, Jupiter et Saturne qui dansent ensemble quelques jours, pour notre plus grand régal.
Depuis Saturne on doit voir Jupiter et ses satellites qui dansent avec la Terre et la Lune.
La voûte céleste m’a encore bien accompagnée cette année. Dans mes joies partagées, mes peines à laisser filer, les soirs de rien devenu tout, la ronde toute simple des saisons.
L’immensité, la profondeur, les dimensions difficiles à imaginer, tout ça m’invite à un certain recul, et à me souvenir que tout n’est que question de point de vue. Ces deux planètes qui dansent et se sont effleurées pudiquement derrière les nuages lundi soir, sont tout de même à des centaines de milliers de kilomètres l’une de l’autre.
Pour cette fin d’année je vous souhaite les sensations éprouvées face à ces beautés.
Les vertiges heureux et émerveillés.
Je ne me suis pas beaucoup documentée sur la comète qui nous est apparue ce mois de juillet. J’ai probablement raté pas mal d’occasions de l’observer d’ailleurs. Mais quand j’ai su que son dernier passage auprès de nous -terriens- datait d’environ 6000 ans, ça m’a donné le frisson!
La photo de ciel de nuit, techniquement, je n’y connais pas grand chose, et mon appareil date suffisamment pour ne pas faire de miracles. Mes images ne sont donc pas des prouesses techniques.
Mais elles me permettent de garder une trace de deux soirées d’observation, et partager cette joie solitaire et reliée pourtant. Notamment celle-ci, où seule dans une prairie, au son des clarines du troupeau tout proche, j’ai pu envisager la dimension géniale et magnifique de nos vies sur Terre. Profiter du calme qui faisait écrin à l’immense. Au grand. A l’immuable. Petits que nous sommes, nous avons bien de la chance!
Et puis, ayant rangé l’appareil bien au fond du sac, parce qu’il est tard, et que profiter sans photographier c’est bien aussi, qui fait son apparition?…La Station Spatiale Internationale! Alors vite vite, hop hop hop! Je ressors tout en quelques secondes. J’espère de toutes mes forces que la mise au point est encore bonne, et je vise comme je peux…et pof…un gros trait habité d’humains passe près de la comète, puis dans le champ de la galaxie d’Andromède, petit bout de coton dont la lumière est partie il y a 2,5 millions d’années pour atterrir ce soir là sur mon capteur!
Magique non?
J’ai écrit ce texte un mois après le voyage Rêves Nomades dont il est question dans l’article précédent. Sans doute à peu près dans les jours heureux de mes vacances en famille, sur mes terres natales, où le plat de la plaine fait écrin à des couchers de soleil immensément captivants.
Mots des montagnes ; photos des plaines, que je retrouve et partage aujourd’hui!
Un mois après, que me reste-t-il ?
Le souvenir de la dernière descente dans ce vallon herbeux et caillouteux. Cette énergie de spleen qui m’avait alors envahie. L’envie d’observer le groupe de loin, de l’arrière. De savoir leur présence mais de m’en extraire un peu pour récolter seule un brin de silence, une goutte de puissance de la roche et de l’air.
Les nuits sans lune et sans bruit. Les ânes qui nous ignorent aussi bien qu’ils nous cherchent. Le duveteux contact avec leurs oreilles qu’ils font parfois flotter au vent pour s’aérer ou chasser quelque insecte.
La certitude d’avoir été à ma place pendant ces moments.
Ma toilette minutieusement économe en eau dans les arbres au soleil couchant le dernier soir. Et cette sensation que la nature me gâtait en m’offrant un tel écrin.
Voyage fabuleux à pied, en bivouac, avec des ânes porteurs d’intendance et riches de spontanéité, prétexte à un stage photo, bien plus riche qu’un stage photo.
En ces jours d’automne, le temps m’est offert de me plonger dans mes clichés, et me vient en souvenir l’impression de douceur de vivre au rythme de la nature et des ânes, mêlée à l’idée de puissance de l’été. Des jours chauds et longs. Des lumières contrastées. Les retrouvailles avec l’émerveillement en chaque chose, en chaque instant. La découverte du Vercors sauvage et rugueux qui offre ses Hauts-Plateaux à nos jeux photographiques et méditatifs, à nos rencontres personnelles et interpersonnelles.
Quatre jours intenses et inspirants, en quelques images et quelques mots…
Il y a eu l’Arbre Sacré, plus facile à contempler, seul dans la plaine, qu’à valoriser en photo.
Le plaisir de jouer avec le graphisme végétal
La poésie floutée
L’étude minutieuse du coucher de soleil…
Puis la saveur toute fraîche du lever du jour…inoubliable!
Et enfin, la joie presque enfantine du cache-cache marmottes!
En chemin j’écrivais parfois aussi…
Petit nuage qui files et te désagrèges au vent, tu enchantes de ton mouvement joyeux mon ciel immense des Hauts Plateaux.
L’air ici me texture ; me donne forme et mouvement ; me met en danse, en chance, en transe.
Sifflement de l’hirondelle en rase-motte.
Danse de l’enfant dans le vent sur le chemin de la fontaine. J’ai quatre ans quand mes cheveux flottent et m’invitent à tournoyer.
Danse de la femme dans la nuit noire peuplée d’étoiles. Ah qu’il m’a été doux de sortir de la tente, rencontrer ces danseuses étincelantes. Leur écrin noir abyssal laissait se dessiner les contours de la plaine d’altitude. Profondes présences, si lointaines et palpables à la fois.
Retourner me coucher sagement, en goûtant encore un peu l’hypothèse…l’envie…le rêve d’une étoile filante. Pas ce soir! Mais l’été ne fait que commencer!
Alors, comme un rituel d’apaisement, des billes brûlantes s’écoulent sur mes joues froides de la nuit. Spleen du soir. Promesse du sommeil qui arrive dans le lointain.
Le silence du campement endormi fait écrin au vacarme de mes pensées ; au tumulte de mes souvenirs.
11 Juillet 2018 – Dans la prairie, après la méditation de pleine conscience
[Stage rêves nomades – Animé par Sandrine et Matt Booth – Bivouaqué par Vincent Prud’homme ]
Douce chaleur d’un soir de canicule dans une prairie de Combloux. En robe rougie et douce, elle apparaît discrète, entre montagnes et brumes éparses.
Grillons. Rires d’enfants. Voix de papas qui voudraient bien immortaliser l’instant. Mais capturer des images de nuit n’est pas aisé…le matériel est poussé dans ses limites. Le mien n’échappe pas à la règle.
J’ai longtemps pensé que les gens postés sur sur le Mont d’Arbois devaient souffrir d’une intense pollution lumineuse venue de je ne savais où…J’ai ri de surprise quand j’ai vu émerger Mars si lumineuse et rouge dans ce début de nuit!
J’ai souri aussi de mon « Mais qu’est-ce qui se passe??? » un peu plus tard, voyant d’un coup changer la luminosité de la Lune. C’était déjà le début de la fin. Un mince fil qui sort de l’ombre. Puis le retour progressif à la rondeur maculée de notre satellite. Allongée dans le pré, je profite des graminées qui dansent entre moi et le ciel.
Je rêve de m’endormir dans cette douce odeur de foin, mais redescends sagement m’envelopper de souvenirs dans le confort de mon nid douillet dans la vallée…
Je me suis posée cette question aujourd’hui en me promenant dans mes idées…
Voici les ciels de mon printemps en cours!
Un début, une fin…un avant, un après…et entre les deux quelques photos.
C’était il y a cinq jours (un mois de plus maintenant que les photos sont prêtes!!!). Je me souviens quelques heures plus tard avoir constaté, toute étonnée, que j’étais souvent plus bavarde.
Ah oui, là haut j’ai été sérieuse, concentrée, inquiète parfois. Mais surtout silencieuse, recueillie, et sans mot le plus souvent. Submergée de beauté et d’immensité. Posée là, glissant et vivant au milieu de cette nature intense et sans compromis. Gravas de glace. Fentes profondes. Humilité et joie simple de mes compagnons de cordée.
Un début dans un tunnel de roche puis de glace, qui abouche sur une petite esplanade de neige éblouissante de soleil. La lumière au bout du tunnel sombre. Un portillon métallique. Et nous y sommes.
Une fin à pied remontant dans les bois vers la buvette des Mottets. La lune veillant à l’aplomb parfait des Drus. Image d’Epinal. Et moi qui pleure ma joie et mon émerveillement de l’avoir fait.
Un avant si parfait, un chaos qui s’harmonise pour m’amener là, le bon jour, dans la meilleure des formes physiques et morales, avec les personnes idéales pour partager ça.
Et un après qui n’en finit pas de se savourer. Une joie profonde. L’impression d’avoir été comme nettoyée par cette journée en Haute Montagne. Un voyage d’un jour aux effet d’un périple de plusieurs semaines.
Que c’est bon d’accomplir mes rêves!
Art'Mêle 